Jeudi 5 décembre – 14h00-15h30
Le dernier séminaire de l’année est consacré à l’Egypte antique. Nous recevons Océane Anduze (Dr.) et Alessia Melelli (Dr.) pour nous parler de matières noires et de caractérisation de textiles anciens par rayonnement synchrotron.
14h00 – Dans la trame du temps : ce que les fibres textiles de l’Égypte ancienne révèlent de leur histoire
Alessia Melelli – postdoctorante au sein des projets ANUBIS (2022-2024) et UPWEARS (2024-2026) – ANATOMIX/DISCO beamlines, Synchrotron SOLEIL
Les textiles occupent une place fondamentale dans l’histoire de l’humanité. Pourtant, dans les contextes archéologiques, les objets en fibres naturelles, qu’elles soient animales ou végétales, sont encore trop peu étudiés, car leur découverte est rare et leur conservation fragile. Leur nature organique les rend particulièrement sensibles à la dégradation, et l’archéologie tend souvent à concentrer les recherches sur des matériaux plus durables, comme le verre ou les céramiques.
Cependant, les objets en fibres naturelles peuvent révéler de précieuses informations sur les techniques de production et les usages anciens. Le projet ANR ANUBIS, une collaboration entre l’Université Bretagne Sud, le musée du Louvre, l’IFAO, SOLEIL, l’INRAE BIA et l’Université de Cambridge, vise à explorer les fibres de lin de l’Égypte ancienne pour mieux comprendre leurs mécanismes de vieillissement, en intégrant l’archéologie et la science des matériaux. Le lin, l’une des premières plantes domestiquées, était essentiel dans la fabrication d’objets du quotidien tels que les vêtements, le linge, les voiles et les cordages, grâce à la finesse et à la résistance de ses fibres. Aujourd’hui, le lin est également apprécié pour la production des matériaux biosourcés, modernes et écologiques, dans le but de remplacer, lorsque cela est possible, les fibres synthétiques. Ce projet, qui s’achèvera en mai 2025, vise à approfondir notre compréhension de l’évolution des fibres de lin au fil du temps et sous des conditions extrêmes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour une utilisation durable tout en aidant l’archéologie à identifier les traces encore visibles qui pourraient révéler des informations sur la chaîne opératoire et le savoir-faire de l’époque.
![Détail de l’enveloppe de cartonnage de la Dame Hérib, vers 945-713 av. J.-C., XXIIe dynastie, Paris, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes (AF 13018). © C2RMF/A. Lattuati-Derieux](https://ipanema.cnrs.fr/wp-content/uploads/2025/01/img-5-768x1024.jpg)
14H45 – Les éléments métalliques et les poussières minérales des « matières noires » : étude intégrée non destructive de nouveaux marqueurs des pratiques funéraires de l’Egypte ancienne
Océane ANDUZE – Doctorante IRCP & C2RMF
Les « matières noires » utilisées dans l’Egypte ancienne en contexte funéraire (momies humaines et animales, cercueils, objets funéraires) constituent un mélange complexe de substances naturelles organiques et inorganiques. Jusqu’à présent, les recherches se sont majoritairement concentrées sur leur composition bioorganique. Notre étude, en revanche, se focalise sur des éléments souvent négligés : le bitume, et les composés inorganiques, tels que les complexes métalliques et les particules minérales, emprisonnés dans ces substances au moment de l’embaumement.
Pour les analyser, nous avons développé une approche intégrée totalement nouvelle : en complément de l’analyse moléculaire par GC-MS, nous utilisons le couplage inédit de la résonance paramagnétique électronique (RPE à ondes continues en bande X) et de l’analyse par faisceaux d’ions (PIXE). Les nouveaux marqueurs inorganiques identifiés grâce à cette approche est non destructive et sans préparation apportent un éclairage unique sur la nature, les sources, les procédés de fabrication et l’état actuel de conservation des « matières noires » prélevées sur un cercueil ainsi que sur des momies humaines et animales de l’Égypte ancienne.
Le séminaire aura lieu sous format hybride. Si vous souhaitez y assister, vous pouvez demander le lien de connexion aux organisateurs : Clara HAIRIE et Shadé ALAO (nous contacter).